L’interview engagée - SAFRAN, entretien avec Isabelle THUILLIER
Publiée le 03/11/2025
SAFRAN est un groupe international de haute technologie opérant dans les domaines de l’aéronautique, de l’espace et de la défense. Leader mondial de la motorisation pour hélicoptères, le groupe emploie 100 000 collaborateurs, dont plus de 45 000 en France.
Ce secteur, Isabelle THUILLIER y travaille depuis 38 ans au sein de différentes entreprises. Comptable de formation, Isabelle a évolué à divers postes dans les Ressources Humaines tout au long de sa carrière.
Pour elle, chacun a sa place dans la société, et la diversité fait la richesse d’une entreprise. Désireuse de « sortir du cadre », Isabelle effectue actuellement et pour sa dernière année avant la retraite, un mécénat de compétences au CREPI Pyrénées, dont SAFRAN est membre. Elle y apporte son expérience et ses compétences pour faire grandir l’équipe du CREPI tout en découvrant l’insertion professionnelle et la remobilisation.
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1. Comment avez-vous connu le crepi ? Pourquoi vous engager avec le crepi pyrenees dans un mecenat de competences ?
Sortir du cadre a toujours été mon moteur. Je crois profondément que la richesse d’une entreprise vient de la diversité des parcours et des profils. C’est ma croyance, et je me suis battue pour pendant 38 ans.
Pour ma dernière année avant la retraite, j’avais la volonté de faire un mécénat de compétences. Après une carrière dans les Ressources Humaines, l’insertion professionnelle était une suite logique.
Je me suis rapprochée de notre responsable RSE qui connaissait le CREPI. De là, j’ai rencontré Régis MORGA, ancien directeur du CREPI Pyrénées qui a accepté le projet. SAFRAN ayant des difficultés pour recruter, mon mécénat de compétences était aussi un moyen de rencontrer de nouveaux profils. Le processus était gagnant-gagnant, c’était une évidence.
Au CREPI, j’ai pu apporter mon expérience du secteur industriel et des pratiques RH. J’étais déjà convaincue qu’il fallait sortir du cadre en recrutant sans CV. Aux côtés de l’équipe du CREPI, j’ai beaucoup appris : sur l’insertion professionnelle, l’animation d’ateliers, la remobilisation et les techniques de recherche d’emploi. Nous avons croisé nos angles de vue et c’est génial !
2. Quelles actions realisez-vous avec le CREPI Pyrenees ? Avez-vous une action coup de cœur ?
Je travaille sur l’action Femmes et Industrie, forcément. Cette action vise à accompagner des femmes en recherche d’emploi, par un suivi individuel, des ateliers collectifs et des visites d’entreprises du secteur industriel. Pour cette action, je mobilise mes collègues pour faire visiter le site industriel de Safran.
Mon réseau professionnel me permet d’être facilement en contact avec des entreprises et donc de participer au sourcing pour mener les actions du CREPI. J’apporte à la fois une intelligence relationnelle dans la prise de contact avec les entreprises, et mes compétences en recrutement lors des ateliers. Mon expérience et mes convictions m’aident à accompagner les femmes à dépasser leurs freins, à reprendre confiance, et à croire en leur place dans l’industrie. Je les encourage à ne pas baisser les bras, et à ne rien lâcher. J’ai également contribué à la réflexion pour mettre en place un carnet de bord de suivi de l’action pour les participantes.
Dans le cadre de l’action, une femme m’a dit, des étoiles plein les yeux, qu’elle avait toujours rêvé de travailler dans l’industrie. « Tu ne pourras pas, tu es une femme », lui disait son père. A presque 50 ans, c’était toujours ce qu’elle voulait faire. Grâce à cette action, elle se sentait enfin sur le bon chemin. Ce genre de moment, plein d’émotion et d’espoir, rappelle à quel point ces actions ont du sens.
3. Vous participez aussi à des actions a destination des jeunes, pourquoi vous investir aupres de ce public ?
Ça m’énerve que les jeunes ne soient pas bien orientés. En tant qu’employeur, je crois que c’est notre devoir de contribuer à l’orientation des jeunes, et des moins jeunes d’ailleurs.
Avec le CREPI, je participe au Rallye des collèges. Cette action à destination des collégiens leur apprend les codes de l’entreprise. Des entreprises sont invitées pour que ces jeunes puissent échanger directement avec des professionnels. L’idée, c’est de casser les codes, de leur montrer qu’ils sont capables et que tout est possible.
La principale d’un collège en Quartier Prioritaire de la Ville nous a demandé d’intervenir avec des femmes travaillant à des postes généralement masculins et des hommes à des postes généralement plus féminins pour casser les préjugés sur ces métiers. Nous avons ainsi sensibilisé une classe de 3ème sur les métiers de l’industrie et des mathématiques. L’idée était de leur montrer d’autres représentations professionnelles et des exemples de réussites.
4. Avez-vous déjà recruté grâce au CREPI ?
Oui, une jeune femme qui a intégré la formation CAMI Aéro, et une autre qui devrait intégrer Safran en alternance.
Je pense aussi à Benjamin, un ancien boulanger qui voulait de se reconvertir. Il était accompagné par le CREPI, je l’ai rencontré et aidé dans sa démarche. C’était une vraie pépite : beaucoup de motivation, un grand savoir-être et une vraie envie. Il a été embauché comme tourneur-fraiseur chez un sous-traitant de Safran et tout se passe très bien pour lui aujourd’hui. Il a d’ailleurs témoigné de son expérience à l’occasion des 30 ans du CREPI Pyrénées cette année. C’est une belle réussite, et une magnifique preuve de ce que peut créer la rencontre entre les entreprises et le CREPI.
5. Que diriez-vous a une entreprise pour la convaincre de rejoindre le CREPI ?
Il faut sortir du cadre !
La vie est faite de rencontres qui changent des vies. Le devoir de l’entreprise, c’est de montrer aux chercheurs d’emploi que tout est possible et que leurs rêves sont atteignables. Une entreprise peut changer des vies simplement en ouvrant ses portes, en aidant des personnes dans leurs choix d’avenir.
S’engager avec le CREPI, c’est perdre du temps pour en gagner. Aujourd’hui, l’entreprise trouve difficilement les profils qu’elle recherche. Elle doit apprendre à convaincre. Dans une logique de partenariat, en contrepartie de son engagement avec le CREPI, l’entreprise pourra bénéficier de talents qu’elle n’aurait sûrement jamais rencontré autrement. L’engagement de l’entreprise avec le CREPI lui apportera de la visibilité et des rencontres précieuses.
Ce qui différencie le CREPI des autres associations d’insertion, c’est son réseau d’entreprises qui est une réelle force. Sans entreprises, on ne peut pas faire de l’insertion.
Et puis, les ateliers collectifs proposés par le CREPI permettent de briser l’isolement des chercheurs d’emploi et d’unir les forces et l’énergie de chacun au service du collectif. On voit vraiment les gens se révéler, c’est vraiment une belle association.
Envie de vous engager pour l’emploi, l’insertion professionnelle dans votre territoire ? Contactez-le CREPI le plus proche de chez vous : https://www.crepi.org/nos-implantations.html